Skateboard memories

Publié le 12 Juin 2008



Quand j'avais quinze ans, j'étais skater. C'était pas mon sport, c'était toute ma vie. Je séchais les cours et je partais sur mon vélo, un Peugeot trois vitesses tout pourri, à Judaïque, rider la rampe. J'avais un sac US sous le rabat duquel je coinçais ma planche, une Tony Alva large de dix pouces. Mes Trucks s'appelaient Independent, mes roues Kryptonite. Dans le sac, j'avis un casque que je ne mettais jamais et un t-shirt Gordon & Smith, pour être le plus beau.

J'étais l'éternel poireau. Je ne suis jamais parvenu à sortir trois roues, encore moins à péter un aerial. Sortir quatre roues, ça s'appelait un Tail Block. Le Hollyair (l'aerial sans les mains) était à peine pratiqué par quelques dieux californiens, des skatepunks fous sous speed qui sortaient des figures hallucinantes. Pourtant, j'avais la même planche qu'eux, les mêmes trucks, les mêmes roues. Mais pas la folie. Dommage.

Trente ans ont passé. Bordeaux s'enorgueillit aujourd'hui d'une piste de skate sur ses quais alors que nous devions pleurer pour avoir le droit de rider sur une planche de contreplaqué inclinée. Le skate est devenu un business, mais les écorchures que je vois sur leurs genoux sont les mêmes que les miennes.

L'été, on allait à Biscarosse. Port Maguide et son skatepark en goudron étaient à quelques kilomètres à peine. J'empruntais le vélo de mon oncle, un peugeot à trois vitesses - aussi -  que mon frère s'est plus tard fait faucher à Hyères, et je partais, vaillant, à l'assaut des côtes infernales qui menaient au lac, à Maguide et au skatepark. Là, j'essayais de parvenir enfin au sommet du vertical de la rampe. En vain. Plus tard, le park est devenu parking. Puis plus rien. J'y suis passé l'an dernier, je n'ai rien retrouvé.

Demeurent mes rêves de gloire d'alors. L'aerial géant que je plantais devant la foule en délire. La nonchalence étudiée, la fièvre, Steve Olson, Tony Alva, Stacy Peralta et un putain de mexicain à moustaches dont j'ai oublié le nom mais qui savait y faire pour le skate et la folie.

J'avais de beaux dieux alors.



Images : en haut, Steve Olson ; en bas, Tony "mad dog" Alva.

Rédigé par VonSontag

Publié dans #Whatever

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